Le conte de fées est-il encodé génétiquement ?

Une histoire imaginaire se transmet-elle comme un patrimoine génétique ? Peut-on retracer l’origine d’un scénario comme le fait la biologie évolutionniste avec l’origine d’un gène ?

C’est en tous cas ce qu’ont fait des chercheurs Sara Graça da Silva et Jamie Tehrani, reprenant l’hypothèse des frères Grimm selon laquelle la forte ressemblance de famille des contes populaires indo-européens ne serait pas due au hasard (pour ceux et celles d’entre vous qui seraient passés à côté de cette histoire dont la publication date de 2016….)

Dans le contexte troublé des guerres napoléonniennes, les Gebrüder Grimm avaient constitué la base de données la plus importante au monde en matière d’imaginaire folklorique, cherchant les ressources spirituelles et idéologiques, qu’ils pensaient dissimulées dans le récit populaire, de l' »âme germanique ».

En utilisant différentes PCM propres à la biologie évolutionniste, Tehrani et da Silva font remonter  certains contes à plusieurs milliers d’années en établissant une corrélation entre la distribution géographique de certaines contes populaires, tels certains caractères biologiques, et des liens de parenté entre les populations et leur évolution, un peu comme on étudierait un transfert horizontal de gène à travers un arbre phylogénétique.

La Belle et la Bête par exemple aurait plus de 3000 ans, l’histoire du gars qui vole un ogre dont les variations sont connues (Le Seigneur des Anneaux, entre autres) aurait 4500 ans. Quant au mythe de Faust, il aurait, au pifomètre, 6000 ans.

Vous me direz, bah et alors ? Les premiers contes de fées occidentaux datent d’Esope et ils auraient… 6000 ans ! Cela dit, l’existence de ce dernier qui aurait été esclave est peut-être tout aussi fictive que les fables qu’on lui attribue, mais peu importe si les fables, elles, existent bien.

L’intérêt de la méthode scientifique ici concerne moins l’ancienneté en elle-même que ce dont elle est l’instrument, à savoir l’étroite parenté entre les structures narratives et les thèmes abordés en dépit d’un contexte culturel extrêmement éclectique, laissant présumer qu’il y aurait dans ce phénomène transculturel des constantes cognitives sui generis, par delà le temps et l’espace.

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